Formation en assistance à la médiation artistique pour les participants et participantes de la Gang à Rambrou

Projet présenté par Jean au centre de services aux collectivités de l'Université du Québec à Montréal.

Résumé du projet

Ce projet s'inscrit dans une démarche partenariale des groupes demandeurs„soutenue par le professeur Horvais depuis maintenant 4 ans. Il vise à mettre en place un programme de formation d'« assistant•e•s à la médiation artistique » adapté pour des personnes adultes vivant avec un diagnostic de déficience intellectuelle et/ou de trouble du spectre de l'autisme (DI TSA). Bénéficiant des expertises complémentaires des partenaires, ce programme sera coconstruit avec les médiateurs.trices artistiques professionnels (notamment formés lors du précédent projet) et permettra de former, évaluer et qualifier les participant.e.s pour les rendre aptes à travailler comme assistantes des intervenant•e•s professionnel•le•s dans des actions de médiation artistique. Il est né de constats du précédent projet des partenaires, également appuyé par le CSAC, et s'inscrit en droite ligne avec la visée des actions des partenaires, soit le développement, l'exercice de compétences et l'inclusion des participant.e.s.

Le projet consiste à former, évaluer et qualifier des personnes adultes vivant avec un diagnostic de déficience intellectuelle et/ou de trouble du spectre de l'autisme pour les rendre aptes à travailler comme assistantes des intervenants professionnels dans des actions de médiation artistique.

En effet, au-delà de leurs réalisations artistiques, bon nombre de ces personnes expriment le désir de contribuer à l'animation des ateliers. Elles prennent spontanément des initiatives prometteuses au sein de l'organisme et dans des interventions réalisées par l'organisme dans d'autres milieux scolaires et associatifs. Cette observation débouche à présent sur un projet de formation et de qualification de ces personnes qui peut mener à leur professionnalisation. C'est cette étape innovante qu'il convient d'accompagner.

Les nombreux projets artistiques en arts de la scène — en particulier, ceux en partenariat avec le service Action Sociale de I 'Opéra de Montréal — et en arts visuels menés par la Gang à Rambrou ont révélé parmi les personnes en situation de handicap qui y participent des talents artistiques indéniables et très appréciés du public. Ces projets artistiques sont un terrain d'expérimentation idéal pour développer une nouvelle étape dans l'innovation sociale et la valorisation de la participation sociale des personnes handicapées,

Présentation du ou des organismes demandeurs

Mission, objectif, historique, membership, population rejointe.

La Gang à Rambrou

La Gang à Rambrou est un organisme communautaire offrant divers programmes artistiques visant le développement, l'exercice des compétences et l'inclusion sociale de ses participant.e.s. Notre organisme existe depuis 25 ans et évolue, toujours à la recherche de nouvelles pratiques et de nouveaux programmes qui répondent aux besoins des personnes présentant une déficience intellectuelle ou des troubles du spectre de l'autisme et tout autre handicap associé à la déficience intellectuelle (handicap physique, sensoriel ou psychique). Plus de 80 participant.e.s sont membres et habitent en majorité la grande région métropolitaine. Notre principale mission est d'offrir des activités inclusives avec des artistes de la communauté et de faire reconnaître les compétences personnelles et artistiques des personnes en situation de handicap au grand public. À ce titre, les participant.e.s de la Gang à Rambrou sont vus comme des artistes apprenants et reçoivent des enseignements artistiques visant le développement de leurs habiletés. Depuis sa création, notre organisme a développé des façons d'être et de faire que nous souhaitons documenter et partager de façon plus formelle.

Opéra de Montréal

Bien ancré à Montréal depuis sa fondation en 1980, au confluent des cultures nord-américaine et européenne, l'Opéra de Montréal célèbre le riche héritage vocal québécois et canadien en faisant vivre l'opéra dans tout ce qu'il a de plus diversifié et de plus audacieux. Il offre cinq spectacles par année, une formation pour jeunes chanteur.se.s professionnel.le.s et diverses activités éducatives et communautaires. Depuis 2018, l'OdM s'est doté d'un programme d'action sociale qui propose des projets de cocréation s'adressant à des populations sous représentées et marginalisées (déficience intellectuelle, autisme, maladie mentale, grands brûlés, sourds, aveugles, diversité culturelle, etc.) et qui visent la réhabilitation et la réinsertion sociales comme le mieux-être de ces populations. Ces projets artistiques constituent des modes novateurs d'intervention sociale.

Description de l'activité de formation

La Gang à Rambrou développe des collaborations avec différents artistes professionnel•le•s - appelés ici des artistes médiatrice•teur•s - afin que celles-ci ou ceux-ci, à travers des projets de cocréation artistiques, partagent des connaissances issues de leur discipline artistique avec les artistes de la Gang à Rambrou. Dans l'approche préconisée par la Gang à Rambrou, les artistes médiatrice•teur•s, de disciplines variées, agissent en leur qualité d'artistes et non à titre d'intervenant•es. Cela s'appuie sur une présomption d'égalité des compétences de tous les participant·e·s impliqués une absence de lien hiérarchique et une relation s'approchant davantage du mentorat. (Connac, 2021)

Concernant les arts de la scène, La Gang à Rambrou collabore avec l'Opéra de Montréal depuis 2019 ( « Prends garde à toi », 2019, présenté à la Cinquième salle de la Place des Arts, ainsi que « Fous le camp COVID! » (2021) Un troisième projet scénique et vidéographique avec des comédien•ne•s professionnel•le•s du cinéma et de la télévision et des artistes lyriques professionnels associés à l'Opéra de Montréal est en cours de réalisation pour une présentation à l'automne 2022. Dans le domaine des arts visuels, la Gang à Rambrou organise des ateliers (dessin-peinture, sérigraphie, création de costumes et de décors, etc) dont les œuvres sont proposées à l'admiration du public et à la vente à travers des événements artistiques tels que D 'un œil différent qui a lieu annuellement à l'Écomusée du fier monde et dont la Gang à Rambrou est un des organismes fondateurs et organisateurs.

Cette longue expérience dans différents domaines artistiques a produit des résultats d'une grande richesse et en constant développement : la production d'œuvres qui mettent en valeur les talents artistiques individuels et collectifs des participant•e•s et leur octroyant ainsi une reconnaissance publique méritée ; le développement d'une demande extérieure par les milieux scolaires et associatif pour réaliser des interventions et projets artistiques au profit de nouveaux publics; le développement des compétences des artistes-médiateurs.trices dans l'adaptation de leurs interventions (voir au point 7, le projet précédent soutenu par le CSAC pour la formation-accompagnement des artistes médiateurs.trices).

Chemin faisant, au-delà des talents artistiques que nous avons vu s'affirmer chez les participant•e•s, nous avons aussi vu s'exprimer de la part de tous les participant·e·s impliqués le désir d'apporter leur contribution à la réalisation des ateliers. Il peut s'agir de la prise en charge de la mise en place matérielle de l'atelier aussi bien que d'initiatives de tutorat pour des dans des moments d'apprentissage ou encore de contribution à l'animation de la séance, etc.

Ayant observé ces initiatives spontanées, les médiateurs et médiatrices artistiques ont expérimenté avec quelques personnes de leur confier des tâches précises dans l'animation de séances, y compris lorsqu'il s'agissait d'interventions hors de la Gang à Rambrou. Aujourd'hui, l'intérêt de cette voie est évident pour développer la participation sociale des personnes, voire si possible leur professionnalisation, et constitue une priorité pour les partenaires. Pour ce faire, il y a besoin de stabiliser le processus, de définir avec précision ce qui peut être proposé aux personnes comme apprentissage, comme modalité d'évaluation, bref, de bâtir finalement une offre de formation d' « assistant·e·s à la médiation artistique » adaptée, et l'expertise et l'appui du professeur Horvais sont encore une fois essentiels. C'est l'objet de la présente demande.

5.2 Objectifs et contenu en relation avec les besoins et le contexte identifié — 20 points

L'objectif de ce projet est de mettre en place un programme de formation d'« assistant•e•s à la médiation artistique » adapté pour des personnes vivant avec une DI/TSA. Ce programme sera co-constnit avec les médiateurs.trices artistiques professionnels.les (12 personnes, de la Gang à Rambrou et de l'atelier lyrique de l'Opéra) et proposé sur la base du volontariat à l'ensemble (80) des participant•e•s de l'organisme. Il devra donc tenir compte de la diversité des désirs d'engagement, de la diversité des responsabilités et tâches utiles et de la diversité des capacités des personnes participantes.

Cela nécessite d'en définir minutieusement les objectifs d'apprentissage, de choisir les modalités pédagogiques propres à les atteindre, de prévoir les modalités d'évaluation et de reconnaissance de l' acquisition de compétences, de prévoir un dispositif de qualification-certification et enfin de développer les opportunités d'engagement des personnes afin d'aller vers leur professionnalisation. (Morissette et Legendre, 2011; Génevaux et al., 2013). Voici à titre d'exemples quelques compétences déjà repérées partiellement chez certaines personnes qui en manifestent d'ores et déjà une ou plusieurs :

 La personne anticipe sur la mise en place matérielle de l'atelier. Elle sait où se trouve le matériel et le mobilier, comment le placer, le mettre en fonctionnement et le ranger.

    La personne a le souci d'accueillir les autres participant.e.s y compris en cours de séance. Elle veille à leur confort tout au long de la séance.

    La personne peut êfre donnée en exemple aux autres participant.e.s pour son attitude pendant les séances, pour son attention, pour son écoute des consignes, pour sa constance dans les tentatives de réalisation.  La personne peut être sollicitée pour assister momentanément ou durablement le médiateur•trice artistique dans une fonction de tutorat pour soutenir l'apprentissage d'une autre personne participant à l'atelier.

    La personne peut intervenir pour proposer un apprentissage à autrui ou au groupe (notion ou savoir-faire). Elle est capable de le faire en s'adaptant à la démarche d'apprentissage d'autrui)

    La personne propose régulièrement et à bon escient des éléments d'enrichissement de la pratique artistique du groupe, elle fait preuve de créativité d'une façon constante.

La personne anime le groupe. Elle a le souci de faire vivre à tous une expérience plaisante et enrichissante. Elle y contribue par sa bonne humeur, son écoute, son soutien, ses encouragements, etc.

    La personne est capable de proposer, de respecter et de faire respecter des règles de fonctionnement convenues par le groupe. Si besoin, elle est capable de faire avec tact les rappels nécessaires.

    La personne mémorise et peut rappeler les étapes de travail, les productions, les savoir-faire, les événements vécus par le groupe. Elle est capable d'en indiquer le sens.

    La personne est capable de conduire la partie de la séance consacrée à l'évaluation et d'en retenir les éléments importants

    La personne est capable de présenter publiquement de façon ordonnée un ou plusieurs projets artistiques de l'organisme.

Le professeur Horvais engagé dans ce projet de formation aura pour mission d'en assurer la coordination, d'en établir avec toutes les parties prenantes le fonctionnement et les contenus, d'apporter toute la formation et la documentation utile à l'équipe des médiateurs.trices artistiques et à l'organisme, de documenter l'ensemble de la démarche pour en permettre l'évaluation et le transfefl.

Participant.e.s à l'activité de formation-accompagnement

Les participant.e.s sont les 12 médiateurs et médiatrices artistiques de la Gang à Rambrou et de l'Opéra de Montréal, ainsi que les 80 personnes accueillies pour des activités artistiques dans les ateliers de l'organisme. Ces 80 personnes se verront proposer la formation et pourront s'y engager si elles le souhaitent et quand elles le souhaitent pour des objectifs d'apprentissage qui seront convenus avec chacune individuellement.

Approche, activités et matériel pédagogiques

Plusieurs phases sont à prévoir pour le développement d'un tel programme :

 Phase 1 : Définir avec l'équipe professionnelle de médiation artistique le programme de formation qui sera proposé aux 80 participant•e•s.

Elle consiste en des réunions d'équipe animées par le professeur pour :

    répertorier les initiatives d'assistance à la médiation artistique observées, déjà prises par les participant-e-s, spontanément ou à la demande.

    enrichir et stabiliser cette liste sous forme d'objectifs d' apprentissage

    établir les moyens de favoriser puis d'évaluer la progression des apprentissages

    Phase 2 : Mise en place expérimentale du programme de formation avec quelques participant•e•s Pendant cette phase, les médiateurs et médiatrices artistiques repèrent et proposent à quelques participant• e • s qui en ont manifesté le désir d'entrer en formation. Lors de rencontres individuelles, professeur-médiateur•trice-participant•e, un plan de formation est établi pour chaque participant•e (objectifs, modalités d'évaluation, échéances). Le professeur sera particulièrement attentif à assurer la cohérence de l'ensemble de ces plans et fera des suivis auprès de chacune des parties prenantes.

    Phase 3 : Évaluation du programme avec les médiateurs et médiatrices artistiques et les premières personnes formées à l'assistance à la médiation artistique.

Des focus-groupes sont organisés par le professeur pour permettre les échanges entre tous les protagonistes du projet afin de l'évaluer et de l'ajuster dans l'optique de son développement.  Phase 4 : Ajustements du programme (par ex. : amélioration de la définition des compétences visées et de précisions des observables de leur manifestation.)

    Phase 5 : Développement et pérennisation du programme (proposition à de nouveaux participant.e.s, passage de relais pour la suite du projet du professeur aux intervenant.e.s professionnels... )

    Phase 6 : Établissement de la documentation pour le transfert

Le chercheur coordonne la rédaction et la mise en forme des outils et documents écrits et multimédias qui permettront le transfert de la démarche de formation.

Évaluation de l'activité de formation 

Un tel projet de formation requiert une évaluation processuelle et formative tout au long de son déroulement. Organisée par le professeur, elle sera néanmoins réalisée collectivement par le truchement d'observations au cours des activités et individuellement par des entretiens avec les participant•e•s ainsi que par des points réguliers lors des rencontres de l'équipe professionnelle tenues tout au long du projet où on réservera un temps d'échanges dédié à l'évaluation de la formation.

À cela viendront s'ajouter l'évaluation et les inflexions d'orientation données par le comité d'encadrement. Enfin, les qualifications acquises par les participant.e.s sur la base d'un accord entre tous les protagonistes assureront une évaluation formelle de la réussite du programme.